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17/31

DU 15 FÉVRIER AU 11 MAI 2019 - 26BY Bruxelles

VOICES AND SOUND WAVES : THE JAPANESE SCENE

Avec Yukio Fujimoto, Mamoru, Lyota Yagi, Atsushi Nishijima, Softpad (Takuya Minami, Hajime Takeuchi, Ichiro Awazu, Hiroshi Toyama)
Curator : Anne-Laure Chamboissier

Cette exposition Voice and Sound Waves : The Japanese Scene présente les oeuvres de trois générations d’artistes. Ces artistes partagent une réelle connaissance du son et de la musique qui inspire différentes pratiques artistiques : sculpture, installation, vidéo, graphisme, performance. Ils questionnent une pratique fondamentale : l’expérience de l’écoute.

Pour l’artiste Yukio Fujimoto (1950), la position et les mouvements du spectateur (ou de l’auditeur) par rapport à l’œuvre qu’il présente sont essentiels
à l’expérience et à la compréhension de l’œuvre. Il nous encourage à adopter une approche active avec nos oreilles, et cela s’applique aussi bien à notre expérience des phénomènes sonores et visuels. Bien que certaines de ses œuvres n’aient pas de composante auditive, on y retrouve la présence du son, parfois comme une trace ou un indice, cela est le cas avec l’oeuvre Delete (Beatles). L’artiste présente sur le mur la collection de chacun des albums des Beatles et leurs étiquettes, mais dont les rainures sont effacées. Avec la pièce passage (silent/listen), selon le déplacement du regardeur, un des mots apparait ou non. Pour l’artiste, le silence fait partie intégrante de cet acte de l’écoute. A travers des objets trouvés comme des mécanismes d’horlogerie, de boites à musique ou autres systèmes, avec Clocks, ou encore Broom (Glass) et Revolution & Gravity (A Flower & A Glass ball), l’artiste crée de véritables dispositifs et outils d’écoute. Il explore ce que l’on appelle les "petits sons » et fusionne élégamment l’expérience de la musique avec celle des sons du quotidien.

Pour Atsushi Nishijima (1965), le son ne peut exister que dans la relation qui se crée entre les choses et dont l’écoute serait l’interprétation de ces relations. L’écoute devient en soi un acte créatif, comme cela est le cas avec l’oeuvre Sky Fishing, dont nous avons une trace par la vidéo et le dispositif technique exposé par l’artiste. Une influence importante pour l’artiste est celle de John Cage avec ses « chance operations », ainsi que le mouvement Fluxus. Les oeuvres Ito Mono Strike, Turner Curtain_Brussels version, Solid Scanning 2 et 5.16.14.16.7.12.8.15.14.15.9.16 traduisent cela. Ces oeuvres sont réalisés à partir de notices sous forme de modus operandi, procédé relevant de l’aléatoire. Sympathetic Wiretap_Brussels version, se compose de différents éléments (cordes, bidons, transmetteurs magnétiques faisant offices de speakers, pierres) et forme « un paysage », comme l’artiste aime à concevoir par cette analogie ces installations. Les sons choisis ( Rapsody in Blue, An American in Paris et West Side Story de Leonard Bernstein) et diffusés de manière aléatoires, se trouvent modifiés et amplifiés aux contacts des cordes et des bidons. Une délicate nappe sonore envahit l’espace et entre en résonance avec les sons des autres oeuvres.

Le collectif Softpad réunit des artistes de différentes disciplines (graphic designer, vidéaste, musicien…). Les oeuvre choisies s’articulent autour de deux notions le texte et le son. Le mot comme évocateur du son ou porteur lui même de sonorité. Echo (White) et Echo (Black), deux installations graphiques pour un même mot. Dans Scratch Music (Gold) et Scratch Music (Silver), le texte présent sur la surface des ces deux papiers, évoquant un vinyle, est celui de la comptine enregistrée par Edison « Mary had a lamb » en 1927. Par le scratch de l’aiguille sur la surface du papier apparait en dessous le texte de cette chanson en japonais. Between Voice and Waves. Sur un Wachi, extrêmement fin et suspendu dans l’espace, sont inscrits des mots. Par cette permutation des mots, une cascade verbale et sonore se dessine. La partition graphique Note se présente comme une portée de musique, ou si l’on observe bien apparaissent les notes cachées DO,RE,MI dans la phrase. L’installation Plane est composée d’une table avec des avions de papier et au mur deux montages photographiques, ou ces même petits avion lancés, dessinent une onde sonore dans le ciel. Cette oeuvre sera adjointe prochainement d’une composition sonore spécifique à l’oeuvre.
Deux autres oeuvres de Yukio Fujimoto entrent en résonance avec ces oeuvres, d’une part l’objet miroir Echo II et le catalogue for Phono/Graph lequel invite à une expérience sonore et tactile par la manipulation des différents papiers en tournant les pages de ce livre.

Yagi Lyota (1980) crée des œuvres basées sur des systèmes mécaniques et des outils prêts à l’emploi. En réunissant ces éléments, il modifie les fonctions de ces objets, comme pour Stupa. Des hauts parleurs de différentes tailles dessinent une fontaine, dont le bruit d’une goutte d’eau émerge. En détournant l’"objet" en "objet-son", ces œuvres stimulent les sens tels que le visuel, le son, l’équilibre et le temps, comme cela est le cas également avec l’oeuvre Timer (Pastel Lemon). Le spectateur est invité à se munir d’un casque et manipuler le sablier afin de percevoir le son délicat de l’écoulement du sable.

La pratique artistique de Mamoru Okuno (1977) combine le son, la musique et les arts visuels. L’installation A long listening journey of a Possible thiStory especially of Japanese & Dutch & something more est parti de la source d’un livre de géographie publié à Amsterdam en 1669, le premier de la sorte à avoir présenter le peuple japonais, la culture et l’histoire du Japon de manière globale à la société occidentale. Au cours des cinq dernières années, l’artiste a mené une recherche à partir d’archives, de tournage et d’enregistrement aux Pays-Bas, en Indonésie, à Taiwan et au Japon. Cette installation est composée de quatre chapitres. Sur chacun des écrans, ces chapitres approfondissent les détails spécifiques des illustrations et des histoires qui s’y rattachent pour déplier de multiples couches incrustées dans le Japon imaginaire du XVIIe siècle. Et les greffer à un possible présent. L’image, le texte et le son sont concomitants et rentrent ou non en résonance à certains moments. Au fur et à mesure de l’immersion du spectateur dans cet espace, le sens s’estompe. Et lui permet d’aller au-delà du sens et du son entendus pour s’ouvrir à un espace inattendu et se créer de nouvelles conditions d’écoute.

A une époque où les dispositifs d’écoute personnels et les listes de lecture personnalisées sont devenus omniprésents, les espaces sonores partagés se font de plus en plus rares. Ces artistes questionnent notre rapport à notre environnement, à notre vie quotidienne. Ils évoquent l’histoire, des fragments de mémoire, le temps et l’espace. Cette exposition est une invitation à une expérience sensorielle et auditive immersive. Un espace unique pour différentes œuvres se fait écho entre elles, esquissant ainsi la partition d’une expérience de l’écoute sensible à l’interprétation de chacune d’entre elles.