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4/14

French May, Hong Kong - Mai 2015

La musique regardée 1 : art et cinéma

Une programmation de Pascale Cassagnau (CNAP) et Anne Laure Chamboissier

Les histoires parallèles et communes de l’art moderne et de l’art contemporain – avec la photographie , le cinéma, la vidéo, la télévision – n’ont cessées de se tresser, plaçant l’art sous le regard de la caméra, dans la nécessité du temps. On se souvient ici de la très pertinente rencontre entre le cinéma et l’art à travers le film documentaire réalisé en 1966 par Brian de Palma sur l’art moderne, The Responsive Eye. Elaborer un programme de films sur la création contemporaine saisie dans son contexte élargi, revient à susciter des rencontres de sujets, de domaines, de champs d’expression visant à mettre en exergue le travail de l’art. Dans cette perspective, la rencontre entre la musique et le cinéma dessine un domaine riche en oeuvres singulières.
Les films de Pierre Bastien, Charles de Meaux, Romain Kronenberg, Ange Leccia, Valéry Grancher, Cédric Eymenier, Bernard Joisten et Dania Reymond témoignent de la richesse et de la diversité de la création filmique en France.

Hong Kong Art Center
2 Harbour Road
Wanchai, Hong Kong

LUNDI 11 MAI

19h : Bernard Joisten, La société des Items (2014, 60’)
Avec le support de la Commission de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques
Vidéaste, peintre, écrivain, critique de cinéma, Bernard Joisten ne cesse de déplacer ses champs d’expérimentation, du texte au son, de la peinture au cinéma et à la vidéo. Empire, Les Aventures, Crystale, La Société des Items constituent des mises en oeuvre de récits interactifs. A la manière d’un collectionneur, l’artiste compile, échantillonne un ensemble d’images aux registres différents qui évoquent des souvenirs de téléfilms, de publicités, de clips, de films. Ces matériaux représentent une trame d’hypothèses pour le récit. Des lieux, des espaces, des vues de paysages s’articulent d’une manière aléatoire à partir d’un ensemble d’embrayeurs narratifs : des adverbes de temps et de lieu viennent ponctuer la trame narrative, relatant autrement les possibles de la fiction. Depuis quelques années déjà, Bernard Joisten ne cesse de visiter et revisiter la culture contemporaine japonaise, à la recherche de motifs d’inspiration. Le film La Société des Items s’inspire du paysage urbain japonais saturé et de l’architecture des médias qui le constitue, en déplaçant à nouveau son univers pictural dans son contexte élargi « orienté design ».

20h05 : Pierre Bastien, Reviver (2015, 20′)
Commande du CNAP
Reviver est une composition audiovisuelle réalisée à partir d’une dizaine de courts extraits de vieux films musicaux. Pierre Bastien mixe les techniques du found footage, de la superposition et du collage. Bien que des matériaux anciens soient utilisés, la pièce est fortement influencée par la musique électronique contemporaine ou electronica : les séquences sont éditées, échantillonnées, en boucle, et leur son est parfois transposé, amélioré ou filtré à des fins musicales. Paradoxalement, cette pièce vidéo de 20mn n’a aucune ressemblance avec une sorte de VJing. Car l’image et le son sont inséparables. Les visuels ne sont pas ornement des sons : ce sont les sons. La pièce fait revivre des centaines d’artistes du passé, connus et inconnus, et les amène tous à une composition commune et hybride.

20h30 : Ange Leccia, A Perfect Day (2007, 62’)
Produit par Camera Lucida
Tous les films d’Ange Leccia répondent à une logique de l’enregistrement propre au clip- cette sorte de « bande-son de la vie »- comme l’écrit Peter Szendy dans Tubes. Perfect Day est un montage-reconstitution d’un ensemble de clips-séquences, tournés au fil des années et revisité ici. Le film, à son tour, produit une seconde mémoire, sorte de nappe temporelle, qui souligne l’effet de nostalgie et la remémoration relatives à l’écoute de disques. Avec le temps d’Alain Baschung est une reprise de la chanson de Léo Ferré. Une autre séquence porte le chant d’Elie Medeiros accompagnant un long travelling d’un paysage corse filmé de nuit. Cette chanson étirée le long du paysage incertain et obscur semble être la mémoire d’un autre temps : son et image constituent une structure de renvoi à leurs doubles anciens, engendrant un effet de mélancolie, propre à toute écoute d’un tube musical.

21h30 : Cédric Eymenier, P#12 Tokyo (2005/2008, 37’)
Musique : Akira Rabelais, Oren Ambarchi, Taylor Deupree
Artiste et musicien, Cédric Eymenier combine photographies, vidéos, collages, installations sonores et projections. Tokyo est le douzième opus du projet Platform qui est à ce jour une série de 13 films tournés dans des quartiers bien précis de quelques métropoles choisies pour leur modernité et leur complexité architecturale. Toutefois, l’architecture n’est pas filmée pour elle-même mais tient rôle de contexte. Ces lieux sont principalement des carrefours, différentes voies de communications ou les flux sont fréquents et variés, et dont la multitude de micro-événements sont enregistrés dans un seul plan fixe. Chaque bande son est une création originale d’un musicien de la scène expérimentale internationale. Lors du tournage des sons de l’environnement sont captées et retraités, sur laquelle le musicien y ajoute sa propre musique. Ce procédé permet, alors, de conserver un ancrage dans le réel tout en proposant une re-interprétation du paysage sonore. Pour Tokyo, l’artiste a collaboré avec Akira Rabelais (us), Taylor Deupree (us), et Oren Ambarchi (aus).

MARDI 12 MAI

19h : Charles de Meaux, Marfa’s Mystery Lights (2006, 66’)
Produit par Mike Luba-Michael Gramaglia ; avec le support du CNAP.
Musique Originale : The Secret Machines Live concert audio
Charles de Meaux poursuit une œuvre cinématographique singulière qui interroge l’interface fine entre Histoire et fiction, entre récit et géographie politique. Stanwix, Le Pont du Trieur, conçu en collaboration avec Philippe Parreno, Shimkent Hotel, constituent des objets cinématographiques d’un troisième type qui multiplient les niveaux d’intelligibilité : journal filmé, récit indirect, précis de géographie et d’histoire, fiction politique. Entre science-fiction et politique-fiction, les films de Charles de Meaux cheminent par détours et corrélations indirectes, afin de mieux analyser des réalités énigmatiques. Pour Marfa’s Mystery Light, il filme les musiciens du groupe américain The Secret Machines, à Marfa, ville du Nouveau Mexique et lieu de travail, de vie de l’artiste Donald Judd. Ce film restitue la rencontre entre la musique et l’architecture, puis le concert que le groupe organise dans le désert proche pour les UFOS, et autres ovni et astéroïdes censés peupler la nature dans cette zone proche de Roswell. Ce film performe la préparation du concert. Il est tout aussi bien un documentaire sur la musique et la préparation du concert que sur lui-même.

20h10 : Valéry Grancher, Hong Kong Epiphanie (2014, 33’08’’)
Produit par : Valéry Grancher ; son : Aphex Twins and Valéry Grancher
James Joyce dans Finnegans Wake, se promène dans les rues de Dublin et échantillonne des bribes de phrases qu’il nomme « épiphanies » ! Ce fut certainement un des premiers exemples de ‘sampling’ en littérature…Hong Kong est un des territoires le plus spécial au Monde : un petit archipel passé d’une colonie britannique au territoire chinois au statut spécifique. Il est devenu l’un des territoires les plus libérales au Monde en terme de finance et d’économie, tout en étant ces dernières années un ‘hub’ artistique entre l’Occident et l’Asie. Par son histoire et son statut une urbanité spécifique lui est conférée : 70 % du territoire reste vert et protégé, et les 30 % restants ont privilégié un développement vertical (les tours). Valéry Grancher a réalisé cette vidéo lors de plusieurs voyages de 2005 à 2012. Ses déambulations dans ce territoire fut un choc visuel, fait de confrontations architecturales et culturelles, sans parler du gap culturel qu’il a subi en tant qu’occidental ne comprenant ni la langue, ni les codes humains. L’artiste fut confronté à des réalités épiphaniques et amené à construire une forme de psycho-géographie mêlant perception anthropologique, perception intuitive et ses propres phantasmes du territoire. Par ce projet il essaye de faire vivre et partager cette expérience au spectateur par le biais de son propre regard. Il est important de souligner que ce Hong Kong montré par l’artiste est celui d’un occidental qui habite ce territoire, et non un touriste qui empruntera et focalisera toujours les mêmes sujets sans même appréhender cette culture locale. Cette vidéo est une forme d’expérience anthropologique dont une forme poétique émerge de ces « épiphanies » hong kongaises

20h50 : Romain Kronenberg, Marcher puis disparaître (2014, 43’)
en collaboration avec Benjamin Graindorge
Produit par Clément Postec pour Too Many Cowboys
Avec le support de la Commission Image/Mouvement, CNAP
Musique : Romain Kronenberg
Romain Kronenberg, musicien et cinéaste, articule son œuvre autour de la question de l’image et du son. La musique qu’il compose occupe une place essentielle dans ses films. Le film Marcher puis disparaître déroule la trajectoire d’un homme qui, arrivant du lointain, traverse le quotidien d’une petite ville turque dont il observe les usages et les lieux au lever du jour : un café, l’ancienne mosquée, les rues qui s’animent… L’homme gagne les limites de la ville puis s’enfonce dans les terres et s’éloigne peu à peu de la civilisation ; il franchit l’œcumène et découvre alors un immense lac salé où il s’abandonne au climat. À travers ce chemin, le marcheur crée le lien entre la ville et le lac et ouvre alors un dialogue entre des notions opposées : collectif et individu, concret et abstrait, réel et théorique, documentaire et fictionnel. La bande son est le fruit d’un travail extrêmement subtil où l’artiste reconstruit de toute pièce les environnements sonores, mettant ainsi librement en valeur les éléments dans l’image sur lesquels il souhaite attirer l’attention du spectateur. Par ce mouvement qui a lieu visuellement (de l’énergie de la ville jusqu’à la perfection formelle du lac) et musicalement (des bruitages jusqu’à la musique pure), il nous invite à un voyage sensoriel, hypnotique et contemplatif.

21h35 : Dania Reymond, Greenland Unrealised (2012, 15′)
Conception et video : Dania Reymond ; son : Philippe Roiron (Grame) ; réalisation : Digital Art Center Taipei (Taiwan), Grame, centre national de création musicale, ENSBA Lyon ; Produit par : Grame/Ensba Lyon/Dac (Taipei) avec le support du Bureau Français de Taipei
Dans ces vidéos, Dania Reymond s’intéresse à plusieurs sujets, directement reliés à notre monde contemporain, son histoire et ses mutations. La question de la façon dont nous regardons la réalité et de sa représentation dans sa structure même (physiquement, politiquement, artistiquement …) est le fil conducteur inhérent à chacune de ces vidéos, tout en se manifestant dans chacune d’entre elles différemment. Elle pose un regard sur la peinture, le cinéma et la photographie et utilise cela pour dépeindre la réalité. Ce film est l’histoire des derniers jours d’une communauté vivant au Groenland avant sa glaciation.


Pierre Bastien Cédrick Eymenier Romain Kronenberg